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Mon engagement pour la culture à Saint-Gilles (Conférence)

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Conférence donnée en 2011 sur la culture à Saint-Gilles, sur mon engagement, mon action et ma vision

(Con­férence don­née en 2012 à l’assemblée générale de la sec­tion de Saint-Gilles du PS con­sacrée à la cul­ture)

Depuis sep­tem­bre 2011, suite à un remaniement des com­pé­tences au Col­lège des Bourgmestre et Échevins, j’assume la fonc­tion de la cul­ture.  Charles Pic­qué a en effet accep­té la demande que j’ai for­mulée à cette occa­sion. Je l’avais déjà demandé en 2000, mais j’ai dû atten­dre 11 ans pen­dant lesquels j’ai pu mieux com­pren­dre le fonc­tion­nement de la com­mune en assumant dif­férentes attri­bu­tions.

Si j’ai demandé la cul­ture, c’est aus­si parce que j’ai une for­ma­tion d’artiste pein­tre et que j’ai essayé de sur­vivre pen­dant une 10aine d’années en tant qu’artiste, avant de m’inscrire à l’université à l’âge de 30 ans. J’ai par ailleurs épousé une artiste pein­tre et par con­séquent je suis par­ti­c­ulière­ment sen­si­ble aux dif­fi­cultés que peu­vent ren­con­tr­er les artistes, dont je me sens très proche.

On peut aus­si s’interroger sur la ques­tion : mais c’est quoi exacte­ment un échevin de la cul­ture ?

Un échevin de la cul­ture n’est pas un fonc­tion­naire, ni sim­ple­ment un ges­tion­naire ou un admin­is­tra­teur de la cul­ture au niveau local. Un échevin de la cul­ture doit insuf­fler une poli­tique cul­turelle qu’il met en œuvre avec les acteurs cul­turels et leurs parte­naires. Il est un facil­i­ta­teur de ren­con­tres, de con­ver­gences et de trans­ver­sal­ités entre les acteurs cul­turels, mais aus­si les artistes et les publics. Il est à l’écoute pour mieux agir en con­nais­sance de cause. C’est pour ça qu’une fois que la cul­ture m’a été con­fiée j’ai pri­or­i­taire­ment voulu ren­con­tr­er les prin­ci­paux acteurs cul­turels de Saint-Gilles. Mais je reviendrai là-dessus tout à l’heure.

La pre­mière per­son­ne-clé que j’ai ren­con­trée est la Con­seil­lère cul­turelle, Juli­ette Rous­sel, qui tra­vaille depuis 9 ans au ser­vice de la cul­ture. Elle m’a rapi­de­ment intro­duit aux réal­ités du fonc­tion­nement du ser­vice et de ses belles infra­struc­tures mis­es à dis­po­si­tion des Saint-Gillois. Cela m’a égale­ment per­mis de mieux con­naître l’équipe dynamique et motivée du ser­vice de la cul­ture, qui preste un tra­vail for­mi­da­ble avec peu de moyens.

Présen­ta­tion suc­cincte des infra­struc­tures cul­turelles

La Com­mune de Saint-Gilles abrite un nom­bre impor­tant d’artistes, d’associations socio-cul­turelles, d’écoles et d’académies artis­tiques. J’ai l’habitude de dire qu’elle est con­nue comme la com­mune qui compte le plus d’artistes par mètre car­ré. Ce ray­on­nement de Saint-Gilles comme com­mune cul­turelle bien au-delà des fron­tières brux­el­loise, n’est pas le fruit du hasard. C’est le résul­tat de beau­coup d’efforts déployés par le Col­lège depuis les années 80, quand Charles Pic­qué a pris les rênes de la com­mune, et notam­ment depuis qu’il a con­fié l’échevinat de la cul­ture à Alain Hutchin­son. Depuis lors, les infra­struc­tures dédiées aux matières cul­turelles se sont mul­ti­pliées : le Cen­tre cul­turel Jacques Franck, la Mai­son Pel­grims, la Mai­son du Peu­ple, la Mai­son des Cul­tures, le Musée Hor­ta, les Bib­lio­thèques com­mu­nales fran­coph­o­ne et néer­lan­do­phone, la Mai­son du Livre, le Pianofab­riek, le Théâtre Poème, pour ne citer que les plus con­nus…

Tout cela se traduit par une vie cul­turelle riche et var­iée !

Il y a d’abord la Mai­son Pel­grims, où se situe le Ser­vice de la Cul­ture au 69 de la rue de Parme. C’est là que le ser­vice reçoit le pub­lic qui souhaite par­ticiper à cette vie cul­turelle ain­si que les artistes en recherche d’informations.

C’est aus­si là que la pro­gram­ma­tion des infra­struc­tures cul­turelles com­mu­nales est établie ain­si que cer­taines man­i­fes­ta­tions en espace pub­lic. Ses mis­sions sont notam­ment le sou­tien et la pro­mo­tion des artistes, une acces­si­bil­ité à la cul­ture pour le plus grand nom­bre et la créa­tion de ren­con­tres.

Env­i­ron une fois par mois, la Mai­son Pel­grims accueille des pro­duc­tions artis­tiques sou­vent plas­tiques mais pas exclu­sive­ment.

La Mai­son du Peu­ple — 37 Parvis Saint-Gilles — déploie une pro­gram­ma­tion à la hau­teur de son impres­sion­nante archi­tec­ture et offre des pépites musi­cales, des ren­con­tres émou­vantes à des tar­ifs très abor­d­ables quand ce n’est pas gra­tu­it. On compte une poignée de parte­naires qui pro­gram­ment des bals folk, tan­go, des con­certs de musique clas­sique etc… Il y a régulière­ment des expo­si­tions au pre­mier étage.

La dernière-née du paysage cul­turel com­mu­nal est la Mai­son des Cul­tures, située à la rue de Bel­grade. Sa pro­gram­ma­tion repose sur un principe sim­ple : les cul­tures au pluriel, le croise­ment et les ren­con­tres des gen­res… Je reviendrai tout à l’heure sur cette infra­struc­ture impor­tante, qui mérite d’être mieux con­nue.

La vie cul­turelle saint-gilloise bat encore et surtout au rythme des man­i­fes­ta­tions en espace pub­lic. On peut citer les Fêtes de la Musique organ­isées chaque année sur la Place Marie Jan­son mais aus­si la bien­nale « Par­cours d’Artistes ».

Le siège du Ser­vice de la Cul­ture abrite égale­ment depuis de nom­breuses années la Per­ma­nence juridique et fis­cale brux­el­loise pour Artistes. Cette per­ma­nence traite des prob­lèmes spé­ci­fiques qui se posent aux artistes et est assurée par un avo­cat spé­cial­isé chaque jeu­di sur ren­dez-vous.

La pre­mière opéra­tion que j’ai entre­prise depuis ma nom­i­na­tion comme échevin de la cul­ture, c’était de pren­dre le temps de ren­con­tr­er les prin­ci­paux opéra­teurs et acteurs cul­turels de Saint-Gilles. L’objectif était de les écouter, de faire le point avec eux, sans langue de bois, en toute sincérité, sur leurs expéri­ences, leurs attentes par rap­port à l’échevinat de la cul­ture. D’écouter leur avis sur les enjeux prin­ci­paux cul­turels à Saint-Gilles, les points forts et faibles, pour recueil­lir leurs sug­ges­tions, pour dévelop­per des syn­er­gies avec eux et pour avoir leur vision d’une poli­tique cul­turelle à Saint-Gilles.

Ce tour des acteurs cul­turels a com­mencé en octo­bre et est à ce jour tou­jours en cours. Je me suis fait accom­pa­g­n­er par Juli­ette Rous­sel et par Philippe Franck qui est un « expert cul­turel », directeur de Tran­scul­tures, cen­tre des cul­tures numériques et sonores et de plusieurs fes­ti­vals. Philippe est un Saint-Gillois que je con­nais depuis de longues années et qui avait envie de s’impliquer dans la poli­tique cul­turelle de sa com­mune.

Nous sommes par­tis d’un même ques­tion­naire leur per­me­t­tant de s’exprimer plus pré­cisé­ment sur tel ou tel sujet. Ceci nous a per­mis de com­par­er leurs répons­es et de dégager les axes impor­tants avec cer­taines con­clu­sions et pré­con­i­sa­tions con­crètes.

Nous avons ain­si ren­con­tré, et je les cite : Joelle Baumerder de la Mai­son du livre, Jean-Louis Gode­froid de Con­tre­type, Thier­ry Van Camp­en­hout du CC J Franck, Jean Spinette comme prési­dent des ren­con­tres saint-gillois­es et ancien con­seiller cul­turel, Alain Hutchin­son comme ancien échevin de la cul­ture, le directeur du Piano Fab­riek, les galeristes Anto­nio Nar­done, Pas­cal Polar, Alain de Was­seige, puis Guy Gilsoul (jour­nal­iste et cri­tique d’art), Véronique Guisen des ate­liers du web, Dolores Oscari du Théâtre Poème, Françoise Klein et Marc Strek­er de la direc­tion de l’Ecole d’Art de Saint-Luc, Julek Jurow­icz, fon­da­teur et admin­is­tra­teur délégué de Smart et l’artiste Bob­van. Il reste encore quelques acteurs à ren­con­tr­er mais d’ores et déjà je peux vous présen­ter les con­clu­sions qui se déga­gent.

Pour ce qui con­cerne ces con­clu­sions, cer­tains points sont revenus régulière­ment dans ces entre­tiens. Je vous en cite cer­tains, mais ces con­clu­sions fer­ont l’objet d’un doc­u­ment plus exhaus­tif :

- Saint-Gilles est con­nue et recon­nue depuis longtemps comme une com­mune excep­tion­nelle du point de vue cul­turel. Elle pour­rait néan­moins encore amélior­er la qual­ité de son offre et don­ner plus de vis­i­bil­ité à ses propo­si­tions. Nos inter­locu­teurs expri­ment égale­ment leur sat­is­fac­tion d’être à Saint-Gilles.

- Les acteurs cul­turels pour­raient davan­tage tra­vailler ensem­ble et coor­don­ner leurs agen­das afin, par­fois de ne pas se faire con­cur­rence mal­gré eux.

-  Une sug­ges­tion est rev­enue régulière­ment sur l’échange d’information et sur une com­mu­ni­ca­tion com­mune rel­a­tive aux activ­ités pro­posées, afin de gag­n­er en vis­i­bil­ité. Cette com­mu­ni­ca­tion pour­rait être organ­isée par la com­mune via des sup­ports com partagés, que ce soit sur papi­er ou sur Inter­net…

- On nous a dit qu’il faut con­tin­uer à dévelop­per le dia­logue entre la Com­mune et les opéra­teurs cul­turels. Ceux-ci étaient heureux de ces ren­con­tres car pour cer­tains ce fut le pre­mier con­tact offi­ciel qu’ils ont eu avec un respon­s­able de la cul­ture à Saint-Gilles…

- Saint-Gilles a besoin aus­si de grandes man­i­fes­ta­tions orig­i­nales sus­cep­ti­bles de lui don­ner une cer­taine aura à l’intérieur et à l’extérieur de la Com­mune, hormis le par­cours d’artistes qui a aus­si évolué…

-  Il faudrait inté­gr­er la cul­ture dans les autres com­pé­tences com­mu­nales, par exem­ple dans l’aménagement du ter­ri­toire ou dans les pro­grammes de réno­va­tion.

-  Il manque aujourd’hui des lieux de rési­dence acces­si­bles pour les artistes qui sont en demande (la com­mune pour­rait les faciliter).

-  Il faudrait val­oris­er d’avantage les métiers de la cul­ture à Saint-Gilles et aider plus con­crète­ment à la pro­mo­tion et à l’intégration de ses artistes tout au long de l’année.

-  Il manque un lieu de pro­duc­tion et de dif­fu­sion de référence pour les arts con­tem­po­rains à Saint-Gilles qui devrait éten­dre ses parte­nar­i­ats avec d’autres lieux de référence.

-   il faudrait encore amélior­er l’accès à une cul­ture con­tem­po­raine exigeante et à des œuvres de grande qual­ité aux plus dému­nis en accen­tu­ant les actions con­certées de médi­a­tion cul­turelle (aux­quels pour­raient par­ticiper les artistes aus­si).

Voilà pour les résul­tats du tour des acteurs de la cul­ture à Saint-Gilles.

En ce qui con­cerne les nou­veaux pro­jets :

  • L’Echevinat de la Cul­ture lance une nou­velle man­i­fes­ta­tion pilote et fédéra­trice,  Connectic’arts, qui aura lieu du 31 mai au 17 juin 2012. Connectic’arts a comme objec­tif de reli­er, de con­necter divers lieux cul­turels de la Com­mune avec des œuvres numériques (expo­si­tions, instal­la­tions, per­for­mances, con­certs de musiques élec­tron­iques…). Il s’agit de la Mai­son Pel­grims, la Mai­son du Peu­ple, la Mai­son des Cul­tures, l’Atelier du Web et aus­si des galeries parte­naires et lieux privés. Un effort par­ti­c­uli­er sera fait autour de la médi­a­tion afin aus­si de réduire la frac­ture numérique qui est aus­si généra­tionnel et cul­turel. Il s’agit aus­si de plac­er Saint-Gilles comme une com­mune ouverte aux formes inno­vantes capa­bles de réu­nir des lieux, parte­naires et des pro­jets artis­tiques et tech­nologiques de qual­ité. Ce nou­v­el événe­ment orig­i­nal, inno­vant et con­vivial sera inté­gré dans Les Transnumériques, bien­nale des arts et des cul­tures numériques de la Fédéra­tion Wal­lonie-Brux­elles dirigé par Philippe Franck avec son asso­ci­a­tion Tran­scul­tures.
  • Comme je l’avais dit au début de cet exposé, je reviens sur la Mai­son des Cul­tures, qui est dotée d’espaces poly­va­lents qui méri­tent d’être exploitées davan­tage. Ce sera un des lieux impor­tants de Connectic’arts. On y organ­is­era au préal­able deux événe­ments appelés Transno­mades (le 28 mars et le 18 avril) où seront mon­trées des vidéos « socio-artis­tiques » réal­isées avec des citoyens brux­el­lois d’ordinaire non artistes mais aus­si des per­for­mances et con­certs inter­cul­turels, inter­dis­ci­plinaires et égale­ment ouverts aux cul­tures numériques. Ces soirées Transno­mades sont appelées à se repro­duire à moyen terme, à un rythme men­su­el. Elles pré­pareront d’une cer­taine manière, ce que pro­posera en plus ample et dans d’autres lieux égale­ment « Connectic’arts ».
  • Ces événe­ments cul­turels d’une nou­velle dimen­sion seront accom­pa­g­nés d’une « médi­a­tion cul­turelle » avec l’apport des « Paracommand’art », un groupe d’artistes et de pro­fes­sion­nels de la cul­ture engagés qui ont pour objec­tif prin­ci­pal d’amener l’art là où d’ordinaire, il n’arrive pas. La mis­sion du médi­a­teur cul­turel est de faire le lien entre le pub­lic et l’œuvre mais ce lien doit aus­si aujourd’hui  être réin­ven­té. Les « Paracommand’art » sont experts dans ce qu’ils appel­lent « l’alterconsultance » en matières artis­tiques, cul­turelles et envi­ron­nemen­tales, c’est-à-dire la mise en œuvre de moyens de trans­mis­sion de con­nais­sances et de savoir-faire en matière cul­turelle et artis­tique, vers des publics ini­tiés ou non, quelle que soit leur orig­ine sociale et cul­turelle. Avec nous, ils tra­vailleront spé­ci­fique­ment sur la notion de l’accueil (dans Connectic’arts) et sur des actions de sen­si­bil­i­sa­tion des publics (pour les événe­ments Transno­mades) et tout cela plus spé­ci­fique­ment dans le quarti­er -dit par­fois « dif­fi­cile — autour de la Mai­son des Cul­tures. Les Paracommand’art vont ain­si inviter les habi­tants du quarti­er Ver­hae­gen à tra­vers­er la “fron­tière naturelle” que con­stitue l’avenue du Roi pour décou­vrir et s’approprier la Mai­son des Cul­tures. En out­re, ils financeront eux-mêmes cet activ­ité.

Sur la cul­ture

Comme dernier point de mon inter­ven­tion, je voulais m’interroger avec vous sur la notion même de cul­ture aujourd’hui, dans ce monde en crise, et, plus par­ti­c­ulière­ment sur ce qui serait la vision d’une cul­ture de gauche. Une cul­ture de gauche qui serait à mes yeux, une cul­ture de la dif­férence, une cul­ture de la sin­gu­lar­ité et de l’altérité.

On peut not­er l’absence ou la qua­si absence du thème de la cul­ture dans le débat poli­tique, et pas seule­ment à droite ou en Bel­gique mais aus­si à un niveau plus large et européen.

La cul­ture, même si elle s’inscrit aujourd’hui aus­si dans un champ économique, elle ne peut pas se réduire à une marchan­dise.

Aujourd’hui et sans doute demain, le con­cept d’’industrie cul­turelle’ rem­place la notion de cul­ture comme nous l’avons con­nu et défendu.

De plus en plus la cul­ture est devenu :

-  Une « cul­ture spec­ta­cle », voire aujourd’hui de « ‘l’hyper spec­ta­cle » ! On demande aux opéra­teurs cul­turels de touch­er le plus grand nom­bre, on met l’accent prin­ci­pale­ment sur la quan­tité de spec­ta­teurs mais pas néces­saire­ment sur la qual­ité de ce qui leur est pro­posé ou sur l’impact pro­fond que l’œuvre artis­tique quelle qu’elle soit peut avoir à plus long terme sur le spec­ta­teur…

- La cul­ture est devenu une « cul­ture-con­som­ma­tion », une cul­ture qui s’achète, se vend, une cul­ture du pro­duit, en lien avec une « cul­ture de la rentabil­ité » et du « résul­tat ».

-  Face à cette vision de la cul­ture libérale, nous devons pou­voir pro­pos­er un autre mod­èle qui ne peut plus être celui hérité de mai 68 et de ses enseigne­ments, de ses con­séquences ou de ses utopies..

-  Après qu’on ait con­nu une « décen­tral­i­sa­tion », aujourd’hui on peut observ­er une forme de recen­tral­i­sa­tion de la cul­ture sou­vent pour des raisons d’économie d’échelle. De plus en plus, par­fois de manière for­cée, des struc­tures cul­turelles publiques se regroupent autour des plus gross­es et des plus dotées. Ceci men­ace l’existence même, déjà frag­ilisée, des asso­ci­a­tions et des petites struc­tures plus indépen­dantes, alter­na­tives, prospec­tives…

Cela revient con­crète­ment et pro­fondé­ment à sup­primer la dif­férence, la sin­gu­lar­ité et à pro­duire une forme de cul­ture «glob­ale » con­forme à une société et une économie glob­al­isée de « pen­sée unique ». Il nous revient à nous social­istes et per­son­nes dites de « gauche » à défendre la cul­ture de la dif­férence, de l’altérité et donc une cer­taine cul­ture de la résis­tance. La résis­tance à un mod­èle de la con­som­ma­tion et du cap­i­tal­isme vieil­lis­sant qui men­ace forte­ment la cul­ture qui est plurielle, qui men­ace l’art et les artistes qui eux aus­si sont vic­times de ce sys­tème.

Aujourd’hui on ne peut détach­er la crise économique de plus en plus aigüe d’une crise de la cul­ture. Il faut penser ou plutôt repenser le rôle du monde de la cul­ture égale­ment dans ce monde économique en pleine muta­tion, dans lequel la cul­ture a une fonc­tion impor­tante mais dans lequel il ne faut pas non plus l’enfermer. Depuis tou­jours, la cul­ture a une fonc­tion sociale impor­tante, essen­tielle. Par exem­ple, on voit bien au Moyen Age et plus tard le lien entre la pein­ture et les reli­gions ou entre l’art et le pou­voir religieux, ou encore l’art mon­u­men­tal et archi­tec­tur­al instru­men­tal­isé pour glo­ri­fi­er les exploits guer­ri­ers ou les régimes total­i­taires encore aujourd’hui.

Pour ter­min­er, il faut bien dis­tinguer « l’industrie cul­turelle » de la cul­ture artis­tique. La cul­ture artis­tique serait pour nous une cul­ture non plus du con­som­ma­teur mais du pro­duc­teur, de l’amateur (ama­teur au sens d’aimer et de pass­er du temps à partager sa pas­sion, sans souci par­ti­c­uli­er de rentabil­ité). Il s’agit d’une cul­ture, bien sûr et plus que jamais, acces­si­ble à tous mais sans niv­elle­ment par le bas, une cul­ture des cul­tures, pluri et inter­cul­turelle, pluri et inter­dis­ci­plinaire, une cul­ture aujourd’hui hybride en mou­ve­ment, en muta­tion, qui intè­gre égale­ment d’autres pra­tiques, d’autres tech­nolo­gies (notam­ment numériques), d’autres langages…et c’est en cela que les artistes d’aujourd’hui et plus générale­ment la cul­ture d’aujourd’hui et de demain s’enrichit et nous enri­chit, non pas seule­ment en terme économique mais plus essen­tielle­ment, en terme sym­bol­ique, poé­tique, esthé­tique, artis­tique et poli­tique aus­si.